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Au fil de mon projet de séminaire intitulé "Espace public, boîtes noires et marginalisation", j'ai entrepris une étude captivante de nuit sur le Boulevard Sakakini. Cette démarche audacieuse et pluridisciplinaire m'a permis d'explorer les interactions complexes entre la sociologie, l'anthropologie, l'urbanisme et l'architecture au sein de cet espace urbain singulier.

Le Boulevard Sakakini s'est révélé être un terrain propice pour étudier les dynamiques sociales de la nuit, car il échappe aux polarités habituelles de la journée. La nuit, cet espace se transforme en une toile vivante où se côtoient divers acteurs marginaux, tels que les SDF, les prostituées, les jeunes squatters et les dealers. Chacun de ces groupes adopte des stratégies de réappropriation de l'espace public pour répondre à ses besoins et aspirations spécifiques.

J'ai ainsi développé la notion de "boîte noire", une observation perspicace des réalités nocturnes de la ville. Cet espace sans lumière offre une opportunité unique pour les individus de voir sans être vus, de se dérober aux regards indiscrets du jour. C'est une manifestation physique et symbolique de la marginalisation, où ces acteurs en marge de la société trouvent refuge et autonomie dans l'obscurité nocturne.

Dans cette étude, j'ai pu constater combien l'architecture joue un rôle crucial dans la création de ces boîtes noires. Les espaces publics et privés, conçus par des urbanistes et des architectes, façonnent la façon dont les différents groupes investissent le Boulevard Sakakini la nuit. Les recoins sombres, les alcôves et les passages étroits deviennent des lieux propices à la cohabitation d'individus cherchant à se soustraire au regard de la société diurne.

De plus, la sociologie et l'anthropologie m'ont offert un éclairage essentiel sur la dynamique de ces interactions nocturnes. Les acteurs marginaux, en se rassemblant dans ces boîtes noires, créent des microcosmes sociaux qui répondent à leurs besoins spécifiques d'intimité, d'échange et de protection. Leur présence sur le Boulevard Sakakini révèle les mécanismes complexes de la marginalisation urbaine et les stratégies de résilience développées par ces individus face à l'invisibilisation diurne.

En explorant les comportements et les motivations de ces acteurs nocturnes, mon étude a contribué à une compréhension plus profonde des espaces publics en tant que lieux de tensions, de négociations et de créations sociales. En dévoilant les enjeux cachés dans les boîtes noires, j'ai ouvert une nouvelle voie pour repenser l'urbanisme et l'architecture en tenant compte de la complexité des usages nocturnes de la ville. Ma recherche est une invitation à prendre en considération la pluralité des acteurs urbains et à concevoir des espaces publics qui répondent véritablement aux besoins de toute une société, y compris ceux en marge, dans l'obscurité bienveillante de la nuit.

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