
Historiquement marqués par leur développement, les enjeux socio-économiques et les politiques publiques, les quartiers nord sont demeurés les zones les plus marginalisées de la ville. Conçus comme des enclaves destinées à isoler les populations les plus démunies et les communautés immigrées du reste de la ville, ces quartiers se sont transformés au fil du temps en zones de droit différé. Marqués par une économie parallèle, la violence, le chômage et la stigmatisation, les quartiers nord sont délaissés et continuent de dépérir avec leu population. En tant qu’architecte, je suis convaincu que notre profession a joué un rôle majeur en se conformant à ces politiques plutôt qu’en les remettant en question. Aujourd’hui, la ville récolte les fruits amers des graines qu’elle a planté dans le passé et qu’elle continue d’entretenir. Face à ces défis, notre responsabilité est de reconnaître les erreurs commises par nos prédécesseurs, de les remettre en question et de prendre des mesures pour les corriger. L’isolement, les disparités de densité, l’absence de services, l’absence de liens avec le reste du territoire et le manque d’opportunités d’emploi contribuent à perpétuer cette marginalisation systémique.
Le projet Hermès et Hestia s’inscrit en opposition à cette vision qui se contente de sauver les apparences sans s’attaquer aux problèmes de fond. La ville doit aller au-delà des simples travaux de ravalement de façade des grands ensembles et adopter une nouvelle politique urbaine et architecturale visant à offrir à tous ses habitants une qualité de vie et des chances égales, quelle que soit leur localisation au sein de la cité phocéenne.
Le projet a pour ambition claire de métamorphoser le visage des quartiers nord de Marseille. En cultivant la diversité des usages, en accordant une primauté au confort des résidents, en proposant une multitude de services et en tissant des liens avec le reste du territoire, nous élaborons une nouvelle approche de la vie urbaine — une vision de la ville plus dense, plus inclusive et libérée de ses enclaves. En somme nous faisons ville dans les quartiers nord.
La réflexion simultanée sur la densification et la mobilité, inscrite dans une temporalité étendue, nous invite à interroger la configuration actuelle de la ville pour envisager celle de demain. Au final, notre dessein est de recréer de la ville au sein des quartiers nord de Marseille, d’échafauder une nouvelle trame urbaine qui enrichit la vie de ses résidents et confère au quartier une vitalité et une intégration renouvelées au sein de la cité.